L’histoire de Monsieur Sommer de Patrick Süskind

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Cette nouvelle a été écrite en 1991 par Patrick Süskind, célèbre pour son roman « Le Parfum ». La version que j’ai lue a été éditée en 2005 et les différentes illustrations sont de Sempé.

Résumé: « Il y a de cela des dizaines et des dizaines d’années, je grimpais aux arbres et j’étais capable de voler. À cette époque-là, je tombai aussi amoureux d’une fille de ma classe. Un an plus tard, j’appris à monter à vélo pour aller prendre des leçons de piano avec l’impitoyable Mlle Funkel. Et chaque fois, je le voyais : qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, M. Sommer était toujours par monts et par vaux, arpentant la région de son pas pressé. Mais qui était donc M. Sommer ? »

 


 

Le narrateur de l’histoire est un adulte qui se souvient de passages de son enfance, dans un petit village au bord d’un lac en Allemagne où tout le monde se connaît. Il se trouve avoir 50 ans, mais l’innocence, la naïveté et les lourdeurs d’écritures des enfants sont tout de même là. Dans ses souvenirs, il y a toujours la présence du voisin, Monsieur Sommer, dont il est à la fois fasciné et intrigué. Monsieur Sommer passe sa journée à marcher, marcher et marcher encore. Hiver comme été, on le voit faire le tour du lac avec son sac à dos vide et son bâton de marche. Personne ne connait la raison et il n’est pas bavard de toute façon. Il n’a pas tout à fait l’air de sa balader, mais de fuir. Il marche vite, pressé, anxieux et ne s’arrête que pour manger. Cet homme a l’air tourmenté, paranoïaque, mais on ne sait pas trop finalement. Personne ne le sait. Sa mère dira que ce Monsieur Sommer marche par claustrophobie.

La nouvelle semble a priori léger, futile, voire inintéressant. Les témoignages d’un jeune garçon de ses premières expériences, de ses pensées et de ses états d’âmes sont tout à fait ordinaires. Rien ne nous semble plus banal. Mais la présence, à chaque souvenir, dans l’ombre, de Monsieur Sommer est dérangeant, et le mystère déjà bien posé autour de lui, s’agrandit. Il est à la fois un personnage du décor et le protagoniste. Les hypothèses se succèdent, et à la fin… il n’y a toujours aucune réponse. Et c’est ce qui donne tout le charme du roman. Le mystère qui reste et restera toujours.

Il est vrai que j’ai attendu jusqu’à la fin la véritable raison du titre, qui après tout fait référence à l’histoire de Monsieur Sommer, et non à celle de l’enfant. Mais alors qu’en est-il? Süskind nous fait en fait voir ce vieux monsieur à travers les yeux d’un innocent petit garçon, qui, pour son âge, comprend un peu sa détresse, son envie de solitude… Sa véritable histoire n’est peut-être pas si importante après tout, mais le regard que cet enfant y porte, ainsi que nous à travers lui, oui.

C’est un petit livre mystérieux, émouvant et qui fait réfléchir. J’ai passé un bon moment à le lire, et à apprécier les belles illustrations, relatives et presque indispensables à l’histoire, de Sempé.

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note: 4/5

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